Les Américains à Tinte
Le 2 Avril 1917, Les États-Unis déclare la guerre à l’ Allemagne. Les
premiers bateaux débarquent soldats et matériels à la Rochelle et à
Saint-Nazaire des la fin juin 1917. En un an et demi, près de deux
millions de militaire Américains et d’énormes réserves de matériel sont
acheminés en France. Depuis les ports de débarquement, les Américains
organisent plusieurs itinéraires en direction des fronts de la Meuse et
de l’Aisne. L’un des itinéraires passent par la Nièvre et il suit la
voie ferrée Bourges-Nevers-Chagny; puis il se dirige vers l’Est.
Plusieurs site sont choisis dans le Département afin d’établir des
hôpitaux militaires ( à Nevers, Saint-Parize-le-Chatel, Mesves ), des
usines ( à Ursy-Guérigny, Verneuil ), des dépôts de matériel ( à Marcy,
Champvert ), des stations de remonte pour la cavalerie ( à Tinte )
… Une nouvelle ligne de chemin de fer est construite afin de contourner
Nevers par le Sud, entre Saincaize et Saint-Eloi ( avec la construction
provisoire d’un pont sur la Loire ), pour relier divers camps avec les
lignes existantes.
La station de remonte de Tinte.
104 hectares de terres appartenant au général Gautheron et au conte de Gaillon sont cédés aux Américains près du Hameau de Tinte. Un dépôt de remonte y est installé à partir de Juin 1918 : écuries, manège, hôspital vétérinaire très moderne. Tout est prêt fin 1918, au moment ou la guerre s’arrête, pour accueillir et soigner 5000 chevaux. Il ne reste de cette station qu’un ancien réservoir d’eau et, perdu au milieu de la végétation, le pédiluve destiné à désinfecter les chevaux ( cf. plan ).
Les Américains sont accueillis favorablement.
Leur arrivée en gare de Tinte a impressionné les enfants du hameau:
une train s’arrête; deux cavaliers, un sergent et un lieutenant, en
sortent avec leurs chevaux, ils effectuent environ 300 mêtres,
descendent de leurs montures plantent un fanion américain et repartent;
le lendemain, un second train arrive et la cavalerie débarque.
Les troupes américaines génèrent un surcroît d’activités commerciales.
Les petits magasins, les débits de boisson, les fermiers s’empressent de
leur procurer vin, liqueurs, viandes et nourritures de toutes sortes.
Les Américains paient bien et représentent une aubaine pour tous ceux
qui entourent le camps.
Ils animent également la vie locale. Dans leurs foyers, il organisent
des bals, ils vont chercher en camions les jeunes filles des alentours
et les reconduisent à domicile. Ces jeunes militaires dynamiques
suscitent la curiosité et l’enthousiasme des enfants nivernais lors des
matches de base-ball et des compétitions d’athlétismes. Les officiers
fréquentent les châtelains, les notables; des défilés et des banquets
sont organisés à Decize à l’occasion du 4 juillet 1918 (Independance
Day) et 1er janvier 1919.
Les Américains apportent aussi des nuisances.
Ces afflux de soldats Américains ne va pas sans inconvénients. La
circulation de lourds camions automobiles dans les rues des villes et
sur les routes de campagne est parfois présentées comme un danger
supplémentaire pour les habitants. Plusieurs arrêtés municipaux tentent
de limiter la vitesse des véhicules à 15 ou 20 Km/h dans la traversée
des agglomérations.
Le coût de la vie augmente, car les Américains et leurs personnels de
service disposent de salaires beaucoup plus élevés que les ouvriers
Français. D’ailleurs, les Américains débauchent des salariés français
début 1918 et les licencient à la fin de la même année, une situation
qui est peu appréciée par les anciens employeurs. « Vos soldats ont trop d’argent« ,
écrit un maire aux autorités américaines… Pourtant, beaucoup de
commerçants s’y retrouvent, en adoptant un prix spécial – à la hausse –
ou en vendant des souvenirs de France de mauvais goût ( des cartes
postales coquines, des bibelots ).
Extrait ( Le canton de Decize pendant la première guerre mondiale 1914 – 1918 Composition Mr Pierre VOLUT – 17 Novembre 2001 )